Marcher dans l’alliance : ma méditation active

Aller à un rendez-vous à pied est devenu une habitude. Ma méditation (active) à moi. Un rythme à prendre : j’arpente les rues à grandes enjambées, je freine à l’approche des nuages de piétons surgissant des bouches du métro. Mes pensées s’éclaircissent, se précisent, s’ordonnent. Je travaille en marchant. J’aime la rumeur citadine.

C’est ainsi que j’ai osé proposer à certains “patients” (ceux avec qui il existe une véritable alliance thérapeutique), de nous retrouver le temps d’une séance ou deux, dans un café ou un parc parisien et de déambuler, ensuite, ensemble. Autre lieu, autre sentiment. C’est un déplacement du cadre (le cabinet), dans le plus grand respect du cadre (thérapeutique). Le cadre permet le hors-cadre, si la sécurité est posée.

L’alliance est toujours là, encore plus forte, même. Parfois, l’intimité du tête à tête persiste : nous nous sentons seuls au monde. Nous partageons la même posture (côte à côte). Un espace de rêverie.

Et parfois, au contraire, nous nous « montrons » au monde : la présence des autres transforme notre relation. Je vois « mon accompagné » en situation. Le regarde vivre, croiser un autre regard que le mien. Et réciproquement. Magie du transfert et du contre-transfert.

Au-delà de cette vertu comportementale, marcher ensemble permet de s’exprimer corporellement. « L’accompagné » est acteur, il bouge, se redresse, hâte le pas, s’arrête pour capter une scène. L’accompagnant aussi. La tête et les jambes.

Curieusement, la parole aussi semble se libérer plus facilement. De la sensation de liberté, d’égalité, la créativité surgit comme une confidence.