Et si sous chaque relation se cachait une peur archaïque ?

promenade_nVous avez trouvé le boulot de vos rêves, le mari idéal…Et puis, au fil du temps, insidieusement, la belle relation débouche sur des conflits et leur cortège de stress, frustrations, engendrant parfois la rupture. Et si la peur, émotion racine, se cachait sournoisement derrière ces défaites, derrière des émotions parasites (une émotion en cache souvent une autre) ?

Notre première peur a été vécue lors de notre naissance (et souvent avant, in utero). Nous avons quitté un ventre protecteur pour atterrir dans un monde  inconnu, sans doute agressif. C’est une sorte de mort. Un passage/pas sage. Une perte. Et même si l’accouchement de notre mère s’est bien déroulé, même si nous avons été accueillis à bras ouverts (imaginons quand ce n’est pas le cas ! ), il y a défusion. Notre venue au monde est un traumatisme.

Alors, peut-être qu’inconsciemment, nous nous acharnons à déployer, depuis, des stratégies pour ne plus revivre ce moment, cette souffrance archaïque ? Peut-être que  l’intention sous-jacente de beaucoup de nos comportements relationnels est l’évitement ?

Et derrière cet évitement, la peur de perdre. Perdre son masque social (la persona) et montrer son vrai soi qui pourrait ne pas être « aimable ». Peur de l’inconnu, du changement. Peur de perdre le contrôle, de faire péter la structure, et de s’écrouler. Peur de perdre la vie. Peur en tous cas de perdre l’autre. Peur du conflit, de la rupture.

Peur des responsabilités

Avez-vous remarqué que nous ne prenons pas souvent la responsabilité de nos paroles et de nos actes ? On emploie le « On », impersonnel (on pourrait faire ci ou ça) plutôt que de s’affirmer comme un « je » (j’ai envie de faire ci ou ça)…Notre chef nous reproche de ne pas respecter un délai ? Notre conjoint nous reproche de ne pas l’écouter ? Aussitôt, nous nous justifions  ou nions les faits au lieu d’assumer la situation. Nous rejetons la« faute » sur l’autre par peur de ne pas être parfait, peur de perdre l’amour, la reconnaissance.

Nous pouvons même exercer des pressions sur l’autre afin d’obtenir ce que nous voulons. Traduction : culpabilisation, chantage affectif, posture de la victime ou du sauveur. C’est paradoxal : la peur de perdre nous dicte des conduites pas cool. Vous avez dit auto-sabotage ?

Changer l’autre par peur de l’inconnu

Autre stratégie inconsciente : vouloir que l’autre se comporte comme nous voulons exactement qu’il se comporte, vouloir le changer à tous prix. L’idée est de se rassurer : l’autre n’est plus un inconnu, il est à notre image…Cette illusion de toute puissance annihilerait l’angoisse du changement, de la perte,  rendrait comme immortel.

Mais alors comment être dans une relation constructive ?

L’Analyse Transactionnelle (AT), la Communication non Violente (CNV), la Logique émotionnelle ®, la méthode Espere ® peuvent être de précieux outils.

  1. Conscientiser tous ses schémas et ses parts d’ombre. Nous pouvons réaliser notamment que le jeu/je de l’autre a besoin de notre propre jeu/je pour exister et donc désamorcer d’emblée les rapports de forces.
  2. Exprimer et assumer ce que je ressens, c’est-à-dire prendre la responsabilité totale de ma réalité. Il s’agit de reconnaître ce que j’ai fait et dit, faire des demandes claires et courageuses, expliciter ce que je pense sans avoir peur de perdre l’autre.
  3. Ne plus prendre l’autre en charge. Cela ne veut pas dire ne pas aider et écouter. Au contraire, c’est reconnaître l’autre, ses différences, et n’intervenir que s’il nous le demande. Halte à la culpabilisation et au rôle de sauveur !
  4. Avoir des projets ou des attentes explicites par rapport à l’autre. Lorsque nous lui demandons quelque chose, il faut accepter de recevoir un refus. De même, oser demander à l’autre ce qu’il attend précisément de la relation (au boulot, comme en couple). « Qu’attends-tu de moi ? ».
  5. Se faire confiance : écouter ses émotions et ses ressentis corporels

Les émotions représentent notre boussole interne. Elles nous informent sur la façon dont nous nous sentons dans un moment particulier, sur notre relation à l’autre et sur nos besoins. Par exemple, la peur induit un besoin d’être rassuré.

Il est essentiel (essence du ciel) aussi d’écouter ses ressentis, ses malaises, ses somatisations (douleurs, maladies…) car elles « pointent du doigt » nos dysfonctionnements. En médecine chinoise, par exemple, la peur est associée aux reins. Un « vide du rein » peut survenir après une grande peur.

  1. Provoquer des confrontations constructives

Pourquoi ne pas provoquer des confrontations (le contraire des conflits) dès qu’un « souci »  est ressenti, plutôt que de laisser pourrir la situation ? « Quand tu dis cela/quand tu fais cela, je me sens inutile, je perds mes moyens ». C’est la meilleure façon d’apprendre sur soi, sur l’autre et sur la relation et partant, de co-évoluer !

  1. se respecter et respecter l’autre

Se respecter c’est identifier ses besoins, les nommer, poser des actes et établir clairement ses limites « Là, tu ne respectes plus mes besoins ». De même, nous devons écouter l’autre lorsqu’il exprime ses propres besoins et ses propres limites. Savez-vous que la colère sert à mettre des limites et à chasser l’intrus ? Elle permet de se respecter justement.

  1. Tirer des conclusions de ses expériences douloureuses. Vous vivez une rupture ? C’est douloureux mais derrière toute tristesse, un nouveau chemin se dessine car la tristesse est un signe de disponibilité pour la nouveauté. Essayez de réfléchir à ce que la relation vous a appris sur vos fonctionnements afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs.

Plus vite vous dépasserez vos peurs, plus vite vous allez à nouveau vous remettre en route. Alors, même pas peur ?